Chevaliers de Colomb: la Ville ne reculera pas

Les Chevaliers de Colomb ne seront plus reconnus comme organisme par la Ville de Sherbrooke en octobre 2023 en raison, notamment, de leur lien avec l’Église catholique. Cette décision a suscité plusieurs réactions au sein de la communauté.

L’annonce que les Chevaliers de Colomb ne seront plus reconnus comme organisme par la Ville de Sherbrooke en octobre 2023, en raison de leur lien avec l’Église catholique, a suscité de vives réactions autant dans la population qu’auprès des membres de l’organisation. Malgré tout, la Ville de Sherbrooke ne compte pas revenir sur sa décision.


Jean Bossé est impliqué au sein des Chevaliers de Colomb depuis environ 20 ans. L’homme, qui est désormais membre de l’exécutif du Conseil 8053 de Saint-Élie, croit que la Ville de Sherbrooke aurait dû faire la différence entre le volet religieux et le volet communautaire de l’organisme. 

« On ne demande pas un support pour les activités qui pourraient avoir un caractère confessionnel. Ce n’est pas ça. On demande simplement d’être reconnu et de pouvoir avoir accès au centre communautaire comme d’autres organismes pour pouvoir organiser des activités qui concernent l’ensemble de la communauté et non pas seulement un petit groupe de croyants », explique-t-il.  

Neutralité religieuse

Adoptée en 2019, la Politique d’admissibilité des organismes évoque que ces derniers doivent être neutres en matière de religion et de politique afin d’être reconnus par Sherbrooke. La Ville indique exclure du processus d’admissibilité « les organismes qui ont comme mission de faire la promotion des croyances et des pratiques religieuses ou qui réalisent des activités similaires ».

La mairesse Évelyne Beaudin explique que les critères de bonne gouvernance ont été établis afin d’essayer d’éviter « qu’il y ait des gens de la même famille qui soient sur un conseil d’administration », « qu’il y ait des assemblées générales annuelles qui permettent à tout le monde de participer » ainsi que pour « la neutralité politique et religieuse ».

Même si les activités des Chevaliers de Colomb sont laïques, Mme Beaudin affirme qu’il faut « tracer une ligne quelque part » et « savoir à quoi on s’expose » si la Ville ouvre la porte à la reconnaissance d’organismes liés à la religion.

Si M. Bossé comprend le désir de laïcité de la Ville, il trouve dommage qu’elle n’ait pas tenu compte de la valeur de l’intérêt public de l’organisme.

« L’essentiel des activités des Chevaliers de Colomb, ce sont des œuvres caritatives sans distinction de religion et sans faire allusion à la religion », note-t-il.

Jean Bossé est membre des Chevaliers de Colomb depuis environ de 20 ans.  Il fait maintenant partie de l’exécutif du Conseil 8053 de Saint-Élie.

Il indique également que l’organisme a redoublé d’efforts pendant la pandémie afin de venir en aide aux familles dans le besoin, et ce, sans avoir l’idée de faire du recrutement.

« Je comprends que ça peut toujours être inquiétant si un organisme en profite pour faire du recrutement, pour faire du prosélytisme religieux, mais ce n’est vraiment pas notre cas. Si on offre un support à quelqu’un, on ne lui demande pas ses allégeances religieuses et on ne lui demande pas de nous appuyer sur le plan religieux », ajoute-t-il. 

Le grand chevalier du Conseil 8053 de Saint-Élie, Pierre Côté, a d’ailleurs reçu un hommage bénévolat-Québec en 2021 pour son implication durant la pandémie.

« Ce que je trouve le plus ironique, c’est qu’au moment où la Ville se prépare à nous retirer notre reconnaissance, on reçoit des subventions du côté fédéral et en plus le Conseil reçoit une reconnaissance publique provinciale pour les services rendus durant la pandémie », commente M. Bossé.

Du côté du Conseil 6849 de Bromptonville, le grand chevalier, Gilbert Roy, ne comprend pas non plus la décision prise par la Ville, mais celle-ci à une moindre incidence sur son Conseil qui est propriétaire de sa propre bâtisse. L’organisme perdra ainsi presque uniquement le montant de 600 $ offert par la Ville, un petit montant sur le 15 000 $ à 18 000 $ remis en aide alimentaire par l’organisme chaque année.

Organismes reconnus

Si les Chevaliers de Colomb ne sont plus reconnus comme organisme aux yeux de la Ville de Sherbrooke, Jean Bossé estime que l’organisation aura des bâtons dans les roues en matière de disponibilités des locaux, d’organisation et de financement. 

Toutefois, Évelyne Beaudin tient à souligner que si la reconnaissance de l’organisme prend fin, cela ne l’empêchera pas de collaborer avec la Ville sur certains projets.

Elle distingue également l’admissibilité d’un organisme, qui reçoit 600 $ de la Ville de Sherbrooke ainsi que certains services, de l’utilisation des locaux qui « dépend des besoins des différents organismes communautaires du secteur ».

Elle tient également à mentionner que seuls certains Conseils des Chevaliers de Colomb sont actuellement reconnus par la Ville de Sherbrooke.

En effet, sur les huit Conseils situés sur le territoire de la Ville de Sherbrooke, seuls les Conseils 6849 (Bromptonville), 7518 (Rock Forest) et 8053 (Saint-Élie) figurent au bottin des organismes à l’intérieur de la section réservée aux Chevaliers de Colomb. Les Conseils de 530 (Sherbrooke), 9825 (Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours), 10 107 (Sherbrooke Est), 10 489 (Saint-Charles-Garnier) et 9086 (Fleurimont) ne sont donc pas reconnus par la Ville de Sherbrooke.