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Le patron du Quai Branly : « Je souhaite que le musée se colorise, nous sommes trop blancs »

Stéphane Martin est le président de l’établissement parisien depuis sa création, en 1998. Alors qu’il quittera ses fonctions le 4 janvier, il dresse un inventaire de la vie du musée.

Propos recueillis par  et

Publié le 02 janvier 2020 à 08h30, modifié le 04 janvier 2020 à 09h34

Temps de Lecture 6 min.

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Stéphane Martin, le 4 mai 2016, au Musée du quai Branly, à Paris.

Le 4 janvier, après vingt et une années passées à la tête du Musée du quai Branly, Stéphane Martin doit quitter ses fonctions de président de cet établissement voué aux arts et civilisations d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques et voulu par Jacques Chirac.

A l’heure de quitter votre poste, quelle est, selon vous, l’une des grandes réussites du musée ?

Le désir d’ouverture et de tolérance que nous portons depuis les débuts de l’établissement. Nous avons toujours laissé une liberté totale aux commissaires venus de tous les horizons, avec parfois des approches et des théories totalement différentes de celles des curateurs maison. C’est une des choses dont je suis le plus reconnaissant à l’équipe de conservation du musée. Cela n’existe quasiment nulle part ailleurs.

Comment définiriez-vous la spécificité du Musée du quai Branly ?

Je pense que la première surprise aura été que l’on s’attendait à un grand musée pour les amateurs, comme le sont les départements Afrique et Océanie du Metropolitan à New York et non à un établissement très ouvert à tous les types de regards qui peuvent se porter sur les cultures non occidentales. Il est exceptionnel qu’un musée ose donner autant de place à des expositions temporaires – et des expositions dont les commissaires sont extérieurs au musée.

Sa création s’est aussi faite de manière originale…

Oui, car il n’y a pas eu d’établissement de préfiguration. Le musée a été créé, avec tous ses droits, mais sans collection, ni lieu. C’est une situation à laquelle se compare seulement celle du Centre Pompidou : une création qui n’a pas été préparée de longue date par l’administration, qui naît d’une volonté politique au plus haut niveau et qui bouscule les habitudes. Je dois dire que nous étions alors dans une période de cohabitation et que notre projet était regardé avec sympathie par Lionel Jospin, alors premier ministre, si bien qu’il y avait une sorte de pacte tacite : « Pas de crises, pas de révolution de palais à l’intérieur de votre équipe, pas de drames et tout se passera bien. »

Le musée est-il né sous la protection de Jacques Chirac ?

C’est un peu plus compliqué que ça. Jacques Chirac avait une grande expérience de la haute administration, il avait pu observer la manière dont les choses s’étaient passées du temps de François Mitterrand – souvent dans la difficulté et les affrontements. Il y a eu relativement peu de réunions à l’Elysée, mais une concertation constante entre la présidence, le premier ministre et les ministres de la culture successifs. Mais il est vrai que nous avons été préservés des interventions parfois envahissantes des cabinets ministériels. Jacques Chirac voulait créer un choc symbolique et moderniser le rapport à ces arts, en échappant aux habitudes de pensée du primitivisme et en les montrant comme des arts en eux-mêmes. Et non comme les références de Picasso, Derain ou des surréalistes.

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