L'exposition sur l'art kanak qui s'ouvre au Quai Branly, à Paris, est "un événement majeur", a déclaré le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, lors du vernissage, lundi 14 octobre.
"C'est un moment symbolique de notre relation avec la Nouvelle-Calédonie qui montre, par la qualité des œuvres exposées, la richesse de la culture kanak", a affirmé M. Ayrault. Il avait auparavant visité l'exposition avec l'un des commissaires, Emmanuel Kasarhérou, et Marie-Claude Tjibaou, veuve du chef indépendantiste qui avait œuvré au renouveau de la culture kanak dans les années 1970.
M. Ayrault a salué la présence des élus calédoniens, et notamment kanaks, qui "ont tenu à être là", après avoir participé vendredi dernier à Matignon au Comité des signataires de l'accord de Nouméa (1998), qui a lancé le processus de décolonisation et constitutionnalisé la reconnaissance de "l'identité kanak".
320 ŒUVRES ET OBJETS
"C'était très important que, dans le processus historique dans lequel nous sommes engagés, cette culture soit profondément reconnue, mise en valeur dans tous ses développements, y compris la création contemporaine", a poursuivi le chef du gouvernement. Le parcours de l'exposition se clôt avec deux artistes kanaks trentenaires, dont une femme, symbole de la place nouvelle des femmes dans la culture et la coutume kanak. "Je crois que ce sera un événement qui va marquer, profondément", a déclaré M. Ayrault.
L'exposition, poétique et très didactique, présente 320 œuvres et objets (masques de deuil, chambranles, haches-ostensoires à disque de jade, flèches faîtières, outils de culture de l'igname, etc.) qui donnent à voir comment les kanaks se racontent. Il y a aussi des écrits, des photos, des dessins. L'ensemble montre comment les européens, singulièrement les Français, les ont représentés pendant la période coloniale.
ZOOM SUR LA CULTURE KANAK AVANT L'ÉCHÉANCE DE 2014
"Les gens nous connaissent à cause des 'événements' [l'insurrection des années 1980, ayant culminé avec la prise d'otages d'Ouvéa, en avril-mai 1988], pas pour notre culture", a déclaré Paul Néaoutyine, président indépendantiste (FLNKS) de la province Nord de Nouvelle-Calédonie. Il espère que l'exposition va "faire évoluer les choses".
L'exposition se tient jusqu'au 26 janvier 2014. Une partie des œuvres, inédites pour beaucoup et issues d'un minutieux travail d'inventaire dans les musées européens mené par M. Kasarhérou et son complice l'ethnologue Roger Boulay, sera présentée ensuite à Nouméa.
Cette exposition a lieu alors que s'est ouvert le 10 octobre le 11e Comité des signataires, chargé d'opérer le suivi du processus d'autonomie de la Nouvelle-Calédonie avant 2014, une année charnière pour l'île. Quelques mois plus tôt, le premier ministre était venu en visite en Nouvelle-Calédonie pour commémorer les vingt-cinq ans de la signature des accords de Matignon – accords qui prévoient la tenue d'un référendum d'autodétermination.
Le chef du gouvernement avait évoqué la question de la tête d'un chef kanak de Komalé décapité en septembre 1878, lors de la grande révolte en Nouvelle-Calédonie, et que la France a promis de restituer à la Nouvelle-Calédonie.
En septembre, une commission parlementaire menée par le président de la commission des lois de l'Assemblée nationale, Jean-Jacques Urvoas, s'était également rendue sur l'île pour évoquer la question des transferts de compétences.
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