BFMTV
Politique

Burkini à Grenoble: Piolle répond à Wauquiez et dénonce "une 'lepenisation', une 'zemmourisation' des esprits"

Le maire de Grenoble est pointé du doigt par le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez, pour vouloir autoriser les burkinis dans les piscines de sa ville.

Depuis le début de la semaine, le maire écologiste de Grenoble (Isère) Eric Piolle et le président (LR) de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez se livrent à une passe d'armes sur le port du burkini - une tenue de baignade portée par certaines femmes musulmanes recouvrant presque entièrement le corps - qui pourrait être prochainement autorisé dans les piscines de Grenoble.

Après l'annonce de cette possible autorisation par la ville iséroise, Laurent Wauquiez a assuré sur Twitter que si le burkini était permis, "la Région coupera toute subvention à la ville de Grenoble. Pas un centime des Auvergnats-Rhônalpins ne financera votre soumission à l’islamisme".

Le maire de Grenoble a réagi mardi sur BFMTV, demandant à Laurent Wauquiez de s'occuper "des choses dont il est responsable", en référence aux compétences de la région. "S'il a un problème avec le voile, il a une responsabilité lui c'est les TER, donc qu'il aille règlementer ses TER et on verra comment cela fonctionne, plutôt que de s'occuper des piscines des Grenobloises et des Grenoblois".

A la piscine les règles concernent "l'hygiène et la sécurité, et c'est tout"

Selon l'édile, cette prise de parole de Laurent Wauquiez "révèle une 'lepenisation', une 'zemmourisation' des esprits alors qu'on est sur un sujet qui est juste un sujet d'égalité et d'accès au service public", déclare-t-il également. "Les règles sont les mêmes pour tout le monde, pour les femmes et pour les hommes. En l'occurrence à la piscine elles respectent l'hygiène et la sécurité, et c'est tout".

Eric Piolle a répété auprès de 20 Minutes sa volonté d'autoriser les burkinis, soulignant que les restrictions "liées à la laïcité se tiennent dans l’école pour les élèves, pour les enseignants et pour les agents du service public. Elles se tiennent pour les fonctionnaires et ceux qui exercent une mission de service public. C’est tout. Pour le reste, vous pouvez vous habiller dans la rue comme vous le souhaitez".

Il précise que le changement des règlements de la piscine ne concerne pas seulement le port du burkini, mais également la possibilité pour les femmes de venir seins nus, car il n'y a "pas de raison pour que la poitrine des femmes ait un autre statut que la poitrine des hommes". Ce changement de règlement des piscines doit, pour lui, "plutôt être vu comme un progrès social."

L'annonce du prochain examen du dossier burkini en conseil municipal a également suscité une levée de boucliers parmi l'opposition grenobloise. L'ancien maire de droite Alain Carignon a appelé à une mobilisation le jour du vote afin d'exiger la tenue d'un "référendum" sur ce qu'il qualifie de "remise en cause des valeurs de la République".

Pour rappel, le port du burkini sur les plages a été autorisé par le Conseil d'Etat en 2016, mais en piscine il continue d'alimenter le débat faute de réglement national précis en la matière.

Salomé Vincendon
Salomé Vincendon Journaliste BFMTV