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Paris: SNCF Réseau confirme la suspension du projet de semi-automatisation des RER B et D

Le projet de la semi-automatisation des RER B et D est à l'arrêt. SNCF Réseau craint des surcoûts financiers avec l'utilisation du nouveau système d’exploitation, Nexteo.

Les usagers du RER B et D ne risquent pas de voir le bout du tunnel. Alors que le trafic sur ces lignes est fortement perturbé depuis ce mardi, Luc Lallemand, PDG de SNCF Réseau, a déclaré mettre en pause la modernisation ferroviaire des RER B et D. En cause, des risques de surcoûts autour de la semi-automatisation de ces lignes.

Ce projet de semi-automatisation, du nom de Nexteo, est censé améliorer les conditions de trafic sur les lignes B et D, notamment au niveau du tunnel entre Gare-du-Nord et Châtelet-les-Halles où les problèmes sont récurrents.

Un goulot d'étranglement

"On nous avait promis ce projet Nexteo pour fluidifier la circulation des RER B et D et là, le projet est suspendu car SNCF Réseau ne semble pas vouloir prendre le risque de le lancer", regrette Marc Pélissier, président de Fédération Nationale des Associations d'Usagers des Transports, sur le plateau de BFM Paris Île-de-France ce mercredi.

La mise de ce projet en pause est une mauvaise nouvelle selon Marc Pélissier car les RER B et D partagent un tunnel. Ce tunnel, long de 2 kilomètres, qui reçoit plus d'un million de voyageurs chaque jour et 32 trains en heure de pointe, est un goulot d'étranglement. En effet, les deux RER circulent sur la même voie: si un problème arrive sur l'une des lignes, il se répercute sur l'autre.

Les usagers subissent ainsi des retards et des interruptions de trafic quotidiennement. Cet été, pendant la période de canicule, après avoir été bloqués pendant des heures, les voyageurs ont notamment été évacués sur les voies.

"On nous dit que ce système va améliorer la fluidité dans ce tunnel. C'était prévu pour 2028, c'est déjà loin, et ça s'éloigne encore un peu", déplore Marc Pélissier.

Le vice-président d'IDF Mobilités Grégoire de Lasteyrie a, lui aussi, rappelé l'urgence du projet sur le plateau de BFM Paris Île-de-France mardi soir. "On devait avoir, cet été, les offres finales des industriels pour proposer l'automatisation du RER B et D. À la surprise générale, SNCF Réseau n'a pas demandé aux industriels de donner leur offre finale dans la procédure d'appel d'offres. On lui a dit qu'on lui donnait un mois maximum pour pouvoir les obtenir et rester sur le calendrier."

Un problème financier depuis la réforme de la SNCF

La raison invoquée par SNCF Réseau est financière. Ce projet, estimé à 1 milliard d'euros, risque d'avoir des surcoûts liés aux risques technologiques. Selon Le Monde, Luc Lallemand préfère évaluer ceux-ci avant de demander aux industriels de donner leur dernier prix.

"Tous les chantiers ne sont pas assez suivis de près et certains d'entre eux ne sont pas maîtrisés sur le plan des calendriers, des finances... Mais en réalité, ces problèmes couvent depuis des mois et ils finissent par exploser", assure Marc Pélissier.

Toutefois, depuis la réforme de la SNCF portée par Élisabeth Borne, lorsqu'elle était ministre des Transport, SCNF Réseau a des directives venant tout droit du ministère des Finances et un objectif de retour à l'équilibre en 2024. L'entreprise est alors très frileuse quant à dépasser le budget. D'autant plus que le projet Eole, le RER E, a engendré un surcoût d'1,7 milliard d'euros.

Juliette Vignaud