Une fable moderne sur l’importance du maintien des connaissances traditionnelles

Les castors de Jean-Pierre Picard nous permettent de jeter un nouveau regard sur nous-mêmes et sur notre société

Rien ne sert de courir; il faut partir à point. Qui ne connaît pas la morale de la fable « Le lièvre et la tortue » de Jean de La Fontaine?

Dans Le Grand barrage, Jean-Pierre Picard propose une fable pour les temps modernes destinée aux enfants et aux adultes. Musicien, infographiste, journaliste, auteur et webmestre originaire de l’Outaouais, Jean-Pierre Picard est établi en Saskatchewan depuis 1986.

Il explique pourquoi il a choisi d’écrire un récit allégorique pour son premier livre. « J’aime cette formule qui, par le biais des animaux, offre un certain détachement entre nos propres émotions ou pensées et les protagonistes. Elle nous permet de jeter un regard extérieur sur nous-mêmes. »

Son intérêt pour les castors remonte aux étés de son enfance. « Près de notre chalet, il y avait un sentier qui s’enfonçait dans la forêt pour aboutir à un marais qui devait son existence à un barrage de castors », dit-il. « C’est un animal vraiment fascinant. C’est sur son dos que s’est construit le Canada des Européens. »

Le Grand barrage, illustré par Karen Olsen, est l’histoire d’une colonie de castors et de son projet démesuré : un grand barrage permanent sur une grande rivière.

« L’histoire est la toile de fond pour aborder diverses réflexions, notamment sur l’importance du maintien des connaissances traditionnelles dans une société qui se transforme. L’histoire aborde également la place que l’on accorde aux monuments liés à un passé douloureux », dit Picard.

« Nos ancêtres savaient comment pourvoir à leur famille avec un petit lopin de terre et le partage des connaissances entre voisins. Ils savaient réparer les choses. »

Jean-Pierre Picard
Jean-Pierre Picard

Picard croit que nous serions bien mal en point aujourd’hui si nous devions faire sans la technologie moderne.

« C’est difficile dans cet univers où l’électron règne, mais je crois à la nécessité de nourrir une certaine autonomie », dit-il. « Comme le Grand barrage, notre civilisation est fragile, et le jour viendra peut-être (j’espère que non!) où il faudra se débrouiller avec les moyens du bord. Qu’on repense, par exemple, à des situations comme la crise du verglas où des villes entières avaient été privées d’électricité.

« De petites choses peuvent faire une grande différence comme savoir allumer un feu avec du bois humide, ou quelles sont les plantes dans notre environnement qui peuvent nous soigner ou nous alimenter. »